Les notables de Saint-Gilles-Croix-de-Vie surpris par la marée montante (photo Ouest-France).
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Saint-Gilles-Croix-de-Vie
station de bains et port de pêche vendéen, entre Saint-Jean-de-Monts, au nord, et les Sables-d’Olonne, en dessous.
La plage est belle et le sable est fin. De mi-juillet à la fin août, l'ouvrier parisien, debout dans son caleçon coloré, les mains sur les hanches et tourné vers le large, se demande ce qu'il fait là. Il a le nez flamboyant au noroît, le cheveu qui moutonne à la brise, le regard étal, et l’humour à marée basse sous le flot montant des jacasseries balnéaires de sa belle-mère toujours recommencée.
C’est une plage comme une autre, avec des joies simples de plage, et des jeux qu’on ébauche sans jamais les finir, avec de variqueuses épicières que la marée surprend, et de bruyants fraiseurs-sertisseurs, couchés dans le clapot, la fraise sertie d’algues mortes et le nombril ensablé. Au midi surchauffé, des connes définitives brûlent au second degré avec un soin extrême, se craquèlent et se cloque sans frémir d'un orteil, dans l'espoir fou de se donner au cuir le couleur brun luisant des cacas bien portants. Parfois, quand le vent souffle de la terre, des enfants d’imbéciles disparaissent au large sur le matelas pneumatique publicitaire des moteurs Fend-la-Bise. La mouette s’inquiète à peine de leurs cris déchirants quand le froid les saisit à la lune.
Curiosité locale : Saint-Gilles-Croix-de-Vie est la seule ville de bord de mer au monde où les pouvoirs publics ont pensé à mettre des baraques foraines et des parkings automobiles tout autour du port afin que les touristes ne puissent jamais voir la mer et les bateaux. C’est une curiosité pétaradante qui mérite le détour, encore qu’on puisse jouir du même paysage sans quitter Clermont-Ferrand.